Urbanus : la bande dessinée familiale underground
Le Centre Belge de la Bande Dessinée a choisi de consacrer une de ses grandes expositions à l’univers surréaliste et totalement foldingue de la série Urbanus.
« Comment une série de BD vulgaire, moche et à mourir de rire est devenue culte dans la moitié nord de la Belgique, est un phénomène qui mérite amplement d’être étudié.
En 1982, le dessinateur belge Willy Linthout imagine de créer une BD inspirée du personnage d’Urbanus, un humoriste bien connu en Flandre. « Het fritkotmysterie » (Le mystère de la baraque à frites) sera le premier opus d’une saga qui compte aujourd’hui plus de 170 albums. La série rencontre un succès immédiat, fait remarquable compte tenu du caractère provocateur de cette bande dessinée familiale.
La logique de la série est abracadabrante, les personnages sont on ne peut plus burlesques et les inepties se ramassent à la pelle. Non-conformistes, losers et marginaux, les comparses d’Urbanus exercent une incroyable séduction sur les jeunes en Flandre et aux Pays-Bas. Les parents, quant à eux, ne voient pas d’un très bon œil leur progéniture se plonger dans ces BD, où les auteurs fustigent joyeusement toutes les valeurs et où l’humour ne connaît aucun tabou. Pédophilie, euthanasie, prostitution, scatologie… rien ne leur sera épargné !
Les personnages principaux ne sont pas un exemple à suivre, loin de là. Urbanus est un garçon qui porte la barbe et végète depuis six ans dans la même classe. César, son père, est un gros rustre sans emploi, fainéant comme pas deux ; il est amoureux de sa pipe et boit comme un trou. La mère d’Urbanus est une maniaque de la “loque à poussière“ et voue un véritable culte aux statues de la Vierge Marie. N’oublions pas la mouche douée de parole et le chien biscornu qui jouent un rôle non négligeable dans l’univers déjanté d’Urbanus. »