SurréAlice

Du 18.11.2022 au 26.02.2023 Commissaire(s): Barbara Forest, Thérèse Willer, Fabrice Flahutez Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg

Du 18 novembre 2022 au 26 février 2023, le Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg (MAMCS) et le Musée Tomi Ungerer – Centre international de l’Illustration s’associent pour présenter « SurréAlice ». Empruntant son titre à un texte de Michel Remy, cette exposition rend compte de la réception de l’œuvre de Lewis Carroll ainsi que de sa diffusion en France et dans toute l’Europe.

La première traduction en français d’Alice’s Adventures in Wonderland de Lewis Carroll suit de très près sa publication en anglais (1865). Il faudra cependant attendre les années 1930 pour qu’Alice in Wonderland fasse pleinement son entrée dans la culture française à la fois comme un classique de la littérature jeunesse et comme une référence auprès des avant-gardes artistiques.

C’est ainsi que Louis Aragon, à travers notamment des publications dans la revue Le Surréalisme au Service de la Révolution, installe Alice au Pays des merveilles (et sa suite Derrière le miroir) dans un récit surréaliste où se mêlent l’imaginaire, l’enfance et l’idée de rébellion. C’est le début de l’histoire d’un héritage où Lewis Carroll rejoint Rimbaud, Swift, Marx, ou Lautréamont dans le panthéon surréaliste.

Pensée en deux volets complémentaires, l’un au MAMCS et l’autre au Musée Tomi Ungerer, l’exposition « SurréAlice » rend compte de cette réception si particulière des textes de Lewis Carroll.

L’exposition « Lewis Carroll et les surréalistes », au MAMCS, présente plus d’une centaine d’œuvres, peintures, photographies, dessins, estampes, mais aussi collages ou éditions couvrant la période allant de 1919 jusqu’à la fin des années 1960. L’exposition aborde la question des changements d’échelle, des liens texte-image, de la notion de passage, de transgression et d’autorité, de la connivence des mondes animal et humain, mais aussi du jeu, de cartes ou d’échecs.

Enfin, elle interroge les figures d’Alice telle que les artistes femmes ont pu l’appréhender. Leur regard permet d’élargir les points de vue, à la fois sur la figure carrollienne, mais également sur les représentations de la femme au sein de l’univers surréaliste. La scénographie originale et surprenante inclut des spécimens du Musée Zoologique de Strasbourg pour incarner le bestiaire de Lewis Carroll et des surréalistes. Le préambule de l’exposition, tout aussi étonnant, a été confié à l’artiste Monster Chetwynd.

Parmi les artistes exposés, Eileen Agar, Alechinsky, Hans Arp, Hans Bellmer, Claude Cahun, Salvador Dalí, Marcel Duchamp, Max Ernst, Jane Graverol, Simon Hantaï, René Magritte, Man Ray, Roland Topor ou encore Unica Zürn…

Deux accrochages accompagnent l’exposition. Un contrepoint ludique, expérimental et interactif est proposé avec « ExpériMAMCS #3 : dans les rêves d’Alice », un espace immersif illustré par Amandine Laprun. D’Absurde à Zibou, le dictionnaire surréaliste des collections du musée propose quant à lui de montrer les œuvres en regard de définitions inattendues.

Au Musée Tomi Ungerer, l’exposition « Illustr’Alice » est consacrée plus spécifiquement à l’illustration des ouvrages sur le thème d’Alice. Cette exposition explore non seulement l’univers du livre pour enfants, où le thème d’Alice est omniprésent depuis sa création, mais également le registre de l’illustration d’humour et satirique, où il est moins attendu.

De nombreux illustratrices et illustrateurs se sont approprié la composante majeure d’Alice, le nonsense, et l’ont adaptée avec des expressions graphiques très diverses. Le thème revêt également des aspects spécifiques selon les sensibilités géo-culturelles des artistes, et il est traité de manière très différente en Mitteleuropa, en France ou au Royaume-Uni.

Le motif d’Alice a également servi de support satirique pour le dessin de presse dans un but de critique sociale et politique, une tradition graphique qui s’est développée à partir de la parution en 1907 de Alice in Blunderland illustré par Albert Levering. C’est cette diversité formelle, tout autant que l’universalité du thème, que le parcours a pour ambition de montrer.

Des noms célèbres de l’illustration, de la fin du XIXe siècle jusque dans les années 2000 sont présentés au même titre que des illustratrices et des illustrateurs aujourd’hui oubliés ou méconnus, à travers cette exposition qui présente environ 150 œuvres originales et livres issus d’institutions muséales, de bibliothèques et de collections privées, de France et d’Europe. Le public pourra également découvrir les dessins préparatoires d’Icinori et Monster Chetwynd ainsi que les travaux d’une nouvelle génération d’artistes.

Le commissariat de cette double exposition est assuré par Barbara Forest, conservatrice en chef du Patrimoine au MAMCS, Thérèse Willer, conservatrice en chef honoraire du Musée Tomi Ungerer — Centre international de l’Illustration, et Fabrice Flahutez, professeur à l’université Jean Monnet de Saint-Étienne et spécialiste du surréalisme.