L’or de vivre, une amitié créatrice

Du 09.04.2024 au 04.05.2024 Commissaire(s): Lou Coulet Médiathèque François Mitterrand de Digne-les-Bains (France)

La Rencontre des deux amis

Ils se sont rencontrés en 1958 chez une amie commune Dominique Aubier (romancière et essayiste) et avec Pierre & Françoise Dumayet à Paris… Un coup de foudre silencieux (cf. texte “Hans mon ami” in Jean Proal, Anna-Eva Bergman, Hans Hartung – une amitié créatrice) a uni les deux couples, disaient-ils, “d’une fraternité choisie”…

Anna-Eva n’était alors quasiment pas connue et encore moins reconnue comme peintre et véritable créatrice… En 1964, Anna-Eva écrivant alors à Jean “dommage pour toi que je ne sois pas Hans” il lui répondit par un gros rire puis il y a le livre tien-mien, c’est d’accord plus que jamais. Il a recherché des textes dans ses livres, les a retravaillés et lui a donné le choix, ajoutant, dans sa lettre du 29 juin, tu verras s’il y en a qui te lancent en avant

En 2008, lorsque nous avons conçu l’exposition du livre d’artiste avec la Fondation Hartung-Bergman (notamment alors avec Jean-Luc Uro et Christine Lamothe) une approche de ces créations préliminaires, qui seront au final des gravures, nous avions eu le plaisir lors de nos visites à Antibes que soit partagé ce contenu…

Chacun a son propre ciel. Il ne faut jamais s’installer dans le ciel d’un autre car on s’y sentira toujours comme un étranger. Par contre les cieux des autres peuvent nous inspirer à créer et élargir notre propre ciel (Anna-Eva Bergman, Carnet de 1950)

Et de Proal à Anna-Eva Bergman

Je crois depuis longtemps que l’amitié a des antennes, (sinon elle ne serait pas l’amitié !) mais aussi fines, sensibles et fraternelles que les vôtres, il ne doit pas y en avoir beaucoup. Votre signe de vie, votre signe d’affection, est arrivé juste au moment où je pouvais en avoir le plus besoin. Le jour où je viens d’apprendre que mon frère est à peu près condamné […]

Mon amie, ta belle peinture est venue me dire une fois de plus que, dans l’ombre la plus épaisse, la plus noire, il y a toujours du côté de l’homme un reflet, une chaleur de sang, et du côté du ciel, au-dessus, du fil d’or. La lueur bleue que rien ne réussit à éteindre. Je le sais depuis longtemps, car il y a longtemps que je donne la main à ma mort – mais on ne le fait jamais assez, assez profondément. Et il est bon de se l’entendre dire par des êtres qui sont allés aussi loin que vous deux dans la connaissance, dans l’acceptation de la condition humaine… 20/02/68 et 24/03/68