Les roses imaginaires

Du 15.06.2024 au 02.09.2024 Commissaire(s): Centre d’art Kamouraska (Kamouraska, Québec)

Cette exposition a été conçue pour commémorer le 350e anniversaire de la fondation de la Seigneurie de Kamouraska. Elle revisite l’œuvre littéraire Kamouraska de l’autrice Anne Hébert. Paru aux Éditions du Seuil en 1970, ce roman est considéré comme un chef-d’œuvre de la littérature québécoise. Avec sa forme audacieuse et sa chronologie brisée, il donne voix à un personnage féminin se remémorant en fragments des souvenirs de jeunesse.

Si, au départ, le roman se base sur un fait divers qui se serait déroulé en 1839 à Kamouraska, l’adaptation que nous vous proposons ici n’évoque en rien le triangle amoureux et les passions violentes du roman original. Nous n’avons conservé de cette œuvre-phare que le rythme particulier, l’écriture envoûtante et tout ce qui se rattache aux paysages, à la vie rurale, à l’expérience sensorielle des quatre saisons sur le territoire. Nous avons voulu honorer Anne Hébert, sa vie, sa virtuosité et sa contribution remarquable à la culture québécoise.

En combinant des photographies, des faits réels et des éléments inventés ou transformés, nous avons créé une exposition truquée. Nous avons brouillé la perception entre le véridique et le fictif. Nous avons choisi ce que nous voulions vous faire croire.

Le titre de l’exposition fait référence aux fleurs emblématiques de Kamouraska : les rosiers sauvages.

Un jour il y aura coïncidence entre la réalité et son double imaginaire

(00:16:45)

Production centrale de l’exposition, cette œuvre audiovisuelle s’appuie sur l’hypertrucage (aussi appelée deep fake), une technique de synthèse multimédia reposant sur l’intelligence artificielle. Elle consiste principalement à superposer automatiquement des photographies, des vidéos et des sons existants à d’autres images, sans laisser de trace apparente, ce qui donne un trucage réaliste. Il s’agit d’une technologie récente, qui évolue et se peaufine constamment.

Ici, nous avons utilisé un dispositif expérimental qui anime en temps réel le visage de photographies statiques par l’interprétation filmée d’une comédienne. Eve Landry a pris part à la production : elle prête sa voix et ses mimiques aux images d’archives d’Anne Hébert. Au fil de la vidéo, la voix d’Eve laisse place à celle d’Anne. Une prouesse technologique qui offre une fausse représentation de l’écrivaine récitant des extraits de son œuvre littéraire rééditée.

Une trame sonore enveloppe les images : une juxtaposition de tableaux qui se succèdent à chaque changement visuel. Parfois en musique, parfois en sons du territoire, parfois les deux. L’artiste a travaillé avec des boucles sur une machine à ruban, où le son se dégrade progressivement. Puisque tous les sons ont cohabité à différents moments sur le même ruban, une certaine familiarité sonore s’installe, malgré les coupures d’un environnement à l’autre.

Crédits de l’œuvre audiovisuelle

D’après Kamouraska de Anne Hébert
© Éditions du Seuil, 1970
Tous droits réservés

Une production du Centre d’art de Kamouraska et de Carte blanche (Québec), en collaboration avec Sporobole (Sherbrooke)

Conception : Christian Lapointe
Interprétation : Eve Landry
Adaptation littéraire : Véronique Drouin
Captation et traitement : Guillaume Lévesque
Prise de son : Gabriel Filiatreault
Trame sonore : Antoine Létourneau-Berger
Coordination : Ève Simard