Le chant des étoiles
La peintre Fabienne Verdier nous transpose dans ses œuvres cosmiques qui interrogent la transcendance. Écoutons les étoiles.
La Maison Rousseau et Littérature accueille une sélection de peintures de l’exposition Le chant des étoiles, présentée d’octobre 2022 à mars 2023 par le Musée Unterlinden de Colmar sur l’initiative de Frédérique Goerig-Hergott, alors conservatrice en chef du patrimoine du musée.
Le retable
Cette exposition se déployait depuis le cloître médiéval jusqu’à l’aile nouvelle et sa nef réalisées par les architectes Herzog & de Meuron. Elle abordait de manière inédite l’œuvre de Fabienne Verdier en regard des chefs-d’œuvre du musée, dont le Retable d’Issenheim (1512-1516) des deux grands maîtres allemands du gothique tardif, Matthias Grünewald (pour les panneaux peints) et Nicolas de Haguenau (pour la partie sculptée). Ce polyptique composé de panneaux peints et d’une caisse sculptée présente des épisodes de la vie du Christ et de Saint Antoine. Il fut commandé par Guy Guers, alors précepteur de la commanderie des Antonins d’Issenheim, pour orner le maître-autel de l’église du couvent et réconforter les malades atteints d’ergotisme, véritable fléau au Moyen Age, et soignés par les Antonins.
Les arcs-en-ciel
Fabienne Verdier, elle-même en pleine création pendant la pandémie de 2020, peint pendant plus de deux ans un ensemble monumental de soixante-seize toiles – les Rainbows, ou arcs-en-ciel – imaginées d’après le panneau de la Résurrection du Retable d’Issenheim. Particulièrement marquée par la représentation transfigurée et jaillissante du Christ sortant du tombeau auréolé de lumière, irradiant en expansion dans l’obscurité de la nuit étoilée, la peintre conçoit ses tableaux, à l’instar de Grünewald, comme une méditation sur la lumière et la couleur.
Renonçant aux représentations traditionnelles de l’histoire de l’art occidental, Fabienne Verdier propose une nouvelle iconographie inspirée de la recherche en physique et astrophysique sur la formation et l’évolution stellaires. Figurant l’aura de lumière produite lors de la mort d’une étoile, à laquelle elle compare notre propre fin de vie, elle aborde la représentation de la mort comme une énergie transmise aux vivants.
À la faveur d’une collaboration de Fabienne Verdier avec la lexicologue Bérangère Baucher, un groupe de linguistes international répertorie une variété inouïe de prénoms issus des cultures des cinq continents et tous en lien avec le ciel, les étoiles ou la lumière. Les Rainbows, conçus comme des individualités, sont ainsi chacun intitulés selon un prénom qui « chante » le rapport humain avec le cosmos.
Fabienne Verdier
Née à Paris en 1962, Fabienne Verdier entame en 1979 des études à l’École des beaux-arts de Toulouse. À vingt ans, elle part en Chine pour étudier auprès des derniers grands maîtres de la peinture traditionnelle. Atteinte d’une grave maladie, elle rentre en Europe à trente ans et publie en 2003 le roman autobiographique Passagère du silence, dix ans d’initiation en Chine.
Fabienne Verdier abandonne la peinture de chevalet et imagine une nouvelle manière de peindre à la verticale où la force de la gravitation devient centrale. En 2006, elle conçoit des pinceaux monumentaux avec lesquels elle fait corps pour réaliser ses tableaux au sol. De 2009 à 2013, elle se confronte aux tableaux de primitifs flamands pour une exposition avec le Groeningemuseum à Bruges. En 2019, elle bénéficie d’une importante rétrospective au musée Granet à Aix-en-Provence. Ses œuvres sont présentes dans de nombreuses collections privées et publiques à travers le monde.