Vingt mille lieues sous les mers. La genèse d’un roman moderne

Du 27.05.2023 au 01.10.2023 Commissaire(s): François Séguin, Daniel Compère, Marie-Françoise Melmoux-Montaubin, Gennaro Toscano Musée de Picardie (Amiens)

Dans le cadre du programme « Dans les collections de la BnF », la Bibliothèque nationale de France s’associe avec le musée de Picardie d’Amiens pour présenter les manuscrits autographes de Vingt Mille Lieues sous la mer de Jules Verne, ainsi qu’une série d’ouvrages et de photographies en relation avec la genèse et l’édition du roman par ailleurs déjà numérisés par la BnF.

Les manuscrits autographes de Vingt Mille Lieues sous les mers de Jules Verne

« J’espère que vous nous conduirez bientôt dans les profondeurs de la mer. » Ainsi écrivait le 25 juillet 1865 George Sand à Jules Verne, pour remercier le jeune romancier de l’envoi de ses premières œuvres. En quelques années, Vingt Mille Lieues sous les mers allait devenir l’un des romans emblématiques de la « reconnaissance des mondes connus et inconnus », programme que s’était assigné Jules Verne dans Les Voyages extraordinaires.

Selon la pratique éditoriale courante au XIXe siècle, le roman paraît d’abord sous forme de feuilleton, entre le 20 mars 1869 et le 20 juin 1870, au sein d’un magazine pour la jeunesse, le Magasin d’éducation et de récréation. Journal de toute la famille. Cette première parution est rapidement suivie d’une édition non illustrée (1869-1870), puis, en 1871, d’une édition illustrée de cent onze gravures.

Du manuscrit au roman à succès

Les premières ébauches de Vingt Mille Lieues sous les mers ne nous sont pas parvenues, mais, dans les deux lourds volumes qui rassemblent aujourd’hui les feuillets du manuscrit, on discerne différentes étapes de rédaction, de la phase d’écriture proprement dite au travail de réécriture. Le premier volume , à l’écriture serrée et minuscule, réunit deux versions déjà remaniées du texte, qui demeurent sans doute proches de la toute première rédaction. Le second quant à lui, présente les caractéristiques d’une copie destinée aux imprimeurs : l’écriture est aérée et nette, et le chef d’atelier du Magasin d’éducation a porté au crayon bleu les noms des ouvriers typographes chargés de la composition.

Naissance du capitaine Nemo

Les ajouts et corrections, comme le découpage des chapitres, traduisent les débats entre Jules Verne et son éditeur Pierre-Jules Hetzel. Le titre du roman et le nom des personnages fluctuent : le Voyage sous les eaux des débuts devient Vingt Mille Lieues sous les océans avant de trouver sa forme définitive. Quant au capitaine Nemo, le commandant du Nautilus, sous-marin monstrueux dans lequel il s’est retranché, il apparaît comme capitaine X, puis comme capitaine Juan Nemo, en même temps que la nationalité polonaise de ses débuts pour devenir, dans le second manuscrit, un être plus indéterminé. La bibliothèque du Nautilus, elle aussi, s’épure, perdant les œuvres d’Eschyle, trop érudites peut être, et celles d’Alexandre Dumas, qui ne l’est pas assez sans doute, tandis que le rayon scientifique s’enrichit des bulletins des diverses sociétés de géographie et que celui des partitions de musique gagne Mozart, Beethoven, Haydn et Auber.

Un manuscrit emblématique d’un grand roman géographique

Un an après le décès de Jules Verne, son fils Michel fait don du manuscrit au prince Roland Bonaparte : ce geste constitue un jalon de la reconnaissance de son auteur comme un écrivain au sens plein du terme, par-delà l’image d’auteur pour la jeunesse qui lui a souvent été attribuée. Encyclopédique et récréatif dans son principe, ce roman géographique et scientifique est aussi un grand poème de la mer et une authentique œuvre de fiction.

 

Chaque année, la BnF présente dans des établissements patrimoniaux une sélection d’œuvres issues de ses collections et fait partager ses richesses à un plus large public. Révélant des œuvres choisies pour leur valeur emblématique, leurs liens avec un événement ou avec des collections locales, le programme « Dans les collections de la BnF » vise à développer des partenariats scientifiques et pédagogiques avec d’autres institutions.

Au Musée de Picardie, cette exposition s’inscrit dans le cadre d’une plus vaste coopération culturelle sur le territoires des Hauts-de-France, accompagnant la création à Amiens du futur pôle de conservation de la BnF qui hébergera le Conservatoire national de la presse.

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