Festival d’Angoulême – 49e édition
MORTELLE ADÈLE, L’EXPOSITION INTERDITE AUX NAZEBROQUES
CHAIS MAGELIS
COMMISSAIRE
ROMAIN GALLISSOT
SCÉNOGRAPHE
ÉLODIE DESCOUBES
PRODUCTION
9E ART+/ FIBD
Mortelle Adèle, le phénomène des cours d’écoles, s’invite au Festival d’Angoulême dans le cadre d’une exposition interactive et piquante.
Depuis quelque temps, les enfants ne parlent que de Mortelle Adèle, une héroïne qui n’a pas sa langue dans sa poche et affiche un caractère bien trempé. Plébiscitée par plus de 9 millions de jeunes lecteurs, l’héroïne du scénariste Antoine Dole, alias Mr Tan, illustrée aujourd’hui par la dessinatrice Diane Le Feyer, s’active de tous côtés pour permettre à ses fans d’aller à sa rencontre. Née en bande dessinée aux éditions Bayard, Mortelle Adèle s’offre désormais à eux en romans, livre audio, jeux de société, magazine… Dernièrement, elle a même sorti un album de chansons composées par Aldebert ; et elle sera bientôt à la télévision. Autant dire que cette jeune fille survitaminée, issue de la bande dessinée, est prête à partager son univers et sa perception du monde avec tous ceux désireux de défier la norme et les diktats !
C’est avec enthousiasme que le Festival d’Angoulême consacre à Mortelle Adèle sa première exposition. Elle sera à son image. Pour entrer dans le très select Club des Bizarres, dont les membres doivent célébrer leurs différences fièrement, les visiteurs devront se soumettre à plusieurs épreuves, et relever quelques défis. Ils pourront alors se plonger dans sa réalité, faire connaissance avec les autres personnages de la série, et laisser libre cours à leur part de bizarrerie !
Adèle, c’est la reine des bêtises et la désobéissance incarnée, mais c’est aussi une héroïne courageuse qui n’hésite pas à s’affirmer ! L’un de ses points forts -et ils sont aussi nombreux que ses taches de rousseur- est sans aucun doute sa répartie dévastatrice. Les deux pieds bien ancrés dans son époque, elle est prête à faire la révolution, s’invente un quotidien qui refuse les normes, et n’hésite pas à tenir tête aux adultes.
La jeune fille a déclaré la guerre aux légumes, aimerait bien se débarrasser de ses parents, et être élue présidente de la galaxie. Rien que ça ! Mais sous ses apparences de petite tornade, Adèle est aussi une enfant touchante et pleine d’imagination. Peut-être souhaite-t-elle seulement trouver sa place dans une société trop sage et uniformisée pour son tempérament explosif… Pour le savoir il faut juste prendre le temps de découvrir sa personnalité et ses aventures. C’est justement l’invitation formulée par cette exposition inédite. Alors vive les bizarres, et pas de pitié pour les nazebroques !
SOUS LA PLUME D’AUDE PICAULT
De Moi je à Amalia, Aude Picault affirme un peu plus son style à chaque nouvel album, entre récit de l’intime et dessin épuré. Cette exposition retrace un parcours discret, caractérisé par la finesse du trait, mais aussi celle de l’esprit.
Après Transat (Delcourt, 2009) Fanfare (Delcourt, 2011) et Idéal standard (Dargaud, 2017), Aude Picault publie au mois de janvier 2022 aux éditions Dargaud son quatrième récit au long cours, Amalia. L’occasion pour le Festival d’Angoulême de mettre en avant l’œuvre de celle qui excelle à raconter le quotidien au féminin. Après des études aux Arts-Déco à Paris, Aude Picault, qui n’avait jamais rêvé de devenir autrice de bande dessinée, fait ses premiers pas professionnels en tant que graphiste dans une agence de communication. Ayant le sentiment d’avancer sans but, et ne supportant pas franchement le système hiérarchique, la jeune femme décide de changer de métier et fait le choix de raconter des histoires. Elle s’oriente naturellement vers la bande dessinée, un médium qu’elle considère comme un terrain d’expression génial.
En 2004, Aude Picault publie Moi je (Vraoum), des carnets dans lesquels elle note, avec l’humour qui la caractérise déjà, ses moments de perplexité face au quotidien. Cette première œuvre vient d’être rééditée chez Dargaud. Elle continue sur sa lancée avec des ouvrages parfois plus durs, comme Papa, publié à L’Association (2006), où elle évoque le suicide de son père. Audacieuse, l’autrice s’essaye à l’érotisme, inaugurant la collection BD Cul des Requins Marteaux avec Comtesse en 2010 ; puis récidivant avec Déesse, en 2019. De plus en plus, elle préfère à l’autobiographie la fiction.
Pensée comme un écrin, l’exposition consacrée à Aude Picault suit son évolution en tant qu’autrice, évoquant sa quête de sens et d’authenticité, en portant une attention toute particulière à ses obsessions et aux mécanismes créatifs qu’elle met en œuvre. Cherchant à créer une relation d’intimité entre l’univers délicat de la dessinatrice et les visiteurs, l’exposition montre comment Aude Picault a fait évoluer son art de la bande dessinée, passant de carnets intimes, qui n’avaient pas vocation à être publiés, à des récits structurés, qu’elle décidera de révéler au public. Ce faisant, l’autrice a peu à peu affirmé son style, qui tend vers l’épure, à travers une maîtrise toujours plus grande de la plume, des pleins et des déliés.