Exposition Paul Claudel : voyages dans l’espace des livres
La bibliothèque Sainte-Barbe et la bibliothèque Sainte-Geneviève accueillent l’exposition « Paul Claudel – Voyages dans l’espace des livres » du 14 septembre au 14 décembre.
Cet évenement, proposé dans le cadre du 150e anniversaire de la naissance de Paul Claudel, rassemble des collections de la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet et de la bibliothèque Sainte-Geneviève. Elles sont présentées au public dans une série de vitrines, dans les halls de la bibliothèque Sainte-Barbe et de la bibliothèque Sainte-Geneviève.
« Dramaturge et poète dont les mots sont destinés à être portés par le souffle et la voix, Paul Claudel s’est pourtant profondément intéressé à l’inscription de ses textes dans l’espace de la page et dans la chair du livre.
Partout où l’entraîne sa carrière de diplomate, de l’Amérique du Nord à celle du Sud, de la Chine au Brésil, du Japon à l’Europe, il se passionne pour le livre dans sa matérialité : livres conçus avec des artistes dans le jeu des couleurs et des formes, plaquettes ornées de papiers découpés, dispositifs empruntés à l’Extrême-Orient comme les éventails, les écrans ou les accordéons, disposition des signes sur la page, calligraphie, inscriptions idéogrammatiques – tout le retient.
Ce qu’il nomme « la physiologie du livre », dans une conférence sur ce thème prononcée à Florence en 1925, commence avec le geste de l’écriture, la main formant la lettre, la trace que laisse la plume ou le pinceau sur la page blanche calligraphiée. Ses manuscrits conservent quelque chose du souffle initial du poète, de sa hâte à faire courir la plume sur le papier, avec de grandes hastes ou des lettres plongeantes et de puissants signes de ponctuation qui rythment le texte.
« Fervent de la typographie », selon François Chapon, Claudel évoque aussi le moment où « cette nappe humide et frissonnante sur la page sortie du bec exigu de la plume, l’imprimerie vient la saisir et la clicher, en constituer la matrice unique d’exemplaires innombrables » (Physiologie du livre).
Tout autant, il s’intéresse à la manière dont texte et image entrent en résonance pour faire entendre la parole poétique. C’est le cas dans les précieuses plaquettes qui se déplient en d’élégants dispositifs, tel l’Homme et son désir, argument de ballet imaginé au Brésil avec des collages d’Audrey Parr et une musique de Darius Milhaud. De même dans le poème Sainte-Geneviève, pris entre deux ais de bois, qui répond à des compositions d’Audrey Parr et un dessin du peintre japonais Tomita Keisen, ou encore les éventails qui animent les cycles calligraphiques conçus avec ce peintre, notamment Souffle des quatre souffles.
Enfin, sa réflexion autour du signe, du son et du sens nourrit ses analyses sur l’idéogramme oriental et l’alphabet occidental qui se donnent à lire et à voir dans Connaissance de l’Est ou Cent phrases pour éventail. Cette réflexion fonde surtout ses tentatives avant-gardistes de jeux typographiques, particulièrement abouties dans Le Vieillard sur le mont Omi, où la spatialisation du texte joue et se joue de la modernité.
Selon Paul Claudel, la question que nous pose le livre comme objet est finalement celle de la tension fondamentale de la langue : rapport entre signe et signification, entre mots et idées, entre écriture et image, entre noir des lettres et blanc de la page, entre son et silence. Cette méditation grave et profonde est portée par une forme voulue d’élégance et de légèreté des œuvres.
Grâce à la collaboration de trois institutions, la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, la Bibliothèque Sainte-Barbe et la Bibliothèque Sainte-Geneviève, dans deux lieux qui se répondent – le hall de la BSG, le hall de la BSB –, l’espace du livre selon Paul Claudel est aujourd’hui proposé aux regards à travers manuscrits, livres et plaquettes qu’habillent des reliures art déco.
Alors, suivant le vœu du poète, que « l’œil écoute » ! »
(source: site de la Bibliothèque Sainte Barbe)