Exposition José Muñoz à la Galerie Martel
José Muñoz est un familier de la Galerie Martel. Sa création la plus célèbre, le privé Alack Sinner, va faire trembler nos cimaises sous les flots d’encre noire de ses planches originales. L’occasion de redécouvrir un artiste comptant parmi les plus aboutis du dernier demi-siècle – et d’admirer du même coup ses créations récentes, à l’inspiration aussi surprenante que poétique.
Les racines de José Muñoz ? L’Argentine, un père joueur d’échecs, une mère chanteuse de tangos… Né près de Buenos Aires en 1942, le garçon suit les cours de sculpture, dessin et peinture d’Humberto Cerantonio, qui lui ouvre le cinéma, le théâtre de marionnettes et l’histoire de l’art. Surtout, il fréquente en cachette l’École Panaméricaine d’Art. Là officient deux princes qui le marqueront à jamais, Alberto Breccia et Hugo Pratt. Le premier, virtuose sombre et « artist’s artist » a formé Dave McKean, Lorenzo Mattotti, Frank Miller… Pas moins. Quant au deuxième, il engage Muñoz pour dessiner dans sa revue Misterix les aventures de Zero Galvàn, privé new-yorkais et préfiguration d’Alack Sinner. Ce dernier, ancien flic taciturne et ironique dont les pommettes saillantes attirent comme des aimants les directs et les crochets, naîtra en 1974 d’une rencontre en Catalogne entre José Muñoz et l’écrivain Carlos Sampayo – Argentins tous deux, et tous deux chassés de leur patrie par la dictature militaire. « Sampayo venait de la pub, il était à moitié détruit », raconte Muñoz. « Moi, mon trait était devenu crade. Je me souviens d’être monté à Paris pour rencontrer Pratt… » Là, le maître vénitien lui rappelle la qualité perdue de son travail en noir et blanc, lorsqu’il publiait dans Misterix. Pratt remet Muñoz sur ses rails.