Enki Bilal – Aux frontières de l’humain
Humains-machines, humains reconstruits, humains mutants, humains immortels et humains-animaux, le maître de l’art de la prospective n’a jamais cessé de repousser les frontières. Dessins originaux, tableaux, reproductions et extraits de films en témoignent, dans cette exposition consacrée à l’univers de l’artiste.
Au départ de cette exposition, il y a une prise de conscience de la part de l’artiste, qui vient tout justement dialoguer avec les thématiques abordées par l’exposition du Musée de l’Homme « Aux frontières de l’humain ». Chacune des six parties de celle-ci (« Je suis un animal d’exception », « Je suis un champion », « Je suis un cyborg », « Je suis un mutant », « Je suis immortel », et « On va tous y passer ! ») résonne pleinement avec l’univers dystopique propre à Enki Bilal. Ce dernier ne cesse en effet d’explorer les frontières, matérielles ou métaphoriques, temporelles ou spatiales ; celles qu’il faut franchir pour découvrir un ailleurs, celles qui intriguent, celles qui effraient, celles qui attirent.
Le futur de l’Homme est balisé de frontières, de bordures, de marges, qu’il se fait un plaisir (en auto-proclamée perfection du vivant sur cette planète), de repousser, de provoquer, voire d’affronter. Obsédé par le contrôle de son pouvoir aveuglant, cet humain se trouve mis à nu – je le réalise, presque surpris -, au cœur de toutes mes créations, et depuis bien longtemps. Cette exposition le prouve.
ENKI BILAL
Pour réaliser ses bandes dessinées, Enki Bilal n’exécute pas directement des planches, mais dessine des cases en grand format une à une, avant de les assembler. L’exposition permet d’admirer une trentaine de ces œuvres originales, dont des inédits de la série Bug, ainsi que des tableaux et des reproductions. Organisée en six thèmes, elle permet d’entrer dans son univers à la découverte des « hybrimutantech », des « immortalistes » ou des « mécanhumanimaux », évoluant dans un monde fragile et incertain. Ce peintre de l’imaginaire, qui est aussi un amoureux des mots, présente au Musée de l’Homme un magnifique contrepoint, nécessaire et poétique, à l’exposition « Aux frontières de l’humain ».