Babi Badalov. Xenopoetri
Le MCBA organise la première exposition monographique dédiée au travail de Babi Badalov en Suisse. À la fois écriture et dessin, la poésie visuelle de l’artiste explore les possibilités politiques et poétiques du langage.
Les mots constituent le fondement de l’œuvre de Babi Badalov, se déployant comme un immense collage où viennent s’entremêler les langues et les alphabets qui fondent son identité complexe. Né en 1959 en Azerbaïdjan, l’artiste a grandi au croisement des cultures azérie, perse et soviétique. Aujourd’hui établi à Paris après une succession d’exils qui l’ont amené à explorer le Saint Pétersbourg underground des années 1980, la scène artistique de San Francisco et de New York au début des années 1990 et le Royaume-Uni des années 2000, il n’en garde pas moins le sentiment d’être à jamais un étranger.
Décortiquant le langage dans son aspect le plus concret – la lettre, la syllabe – Badalov réinvente une langue qui est autant un refuge qu’un terrain de lutte. Comme en témoigne le titre de l’exposition, il procède le plus souvent par libre association phonétique dans une démarche qui rappelle certaines stratégies dadaïstes. Jadis essentiels dans l’articulation conceptuelle de dada, l’anarchisme de Mikhaïl Bakounine et le nihilisme de Friedrich Nietzsche demeurent des références importantes pour Badalov. Ancrée dans l’expérience de l’oppression, du rejet et la marginalité, son œuvre tente néanmoins de reconstruire une utopie horizontale dans laquelle chacun.e est invité.e à se libérer des systèmes de domination.
Il y a une circularité à l’œuvre dans les supports qu’il emploie, qu’il s’agisse des tissus de récupération sur lesquels il peint ou des éléments du quotidien qu’il glane afin de les intégrer à des collages monumentaux. Cette attention portée aux choses qui nous entourent témoigne d’un regard profondément curieux, sensible mais aussi critique à l’égard de son époque.