Aimé Césaire, un homme de ruptures
Hors anecdotes (qui, parfois touchantes, en disent plus sur qui les rapporte que sur celui qu’elles croient révéler), au rebours d’approches biographiques aussi prodigues en vains détails qu’en interprétations hasardeuses ou gratuites, loin des polémiques (dont la futilité avec le temps éclate), au-delà des controverses plus ou moins justifiables, en s’affranchissant même des analyses ou des exégèses pertinentes, mais sectorielles, comment apprécier d’un terme clair et indiscutable – subsumer – l’apport d’Aimé Césaire à la littérature, à la réflexion comme à l’action culturelles, à la pensée politique ?
Dans sa polysémie, avec ses multiples déclinaisons, s’impose ici le mot rupture. Car, à y bien regarder, l’auteur du Cahier d’un retour au pays natal et le (re)créateur du roi Christophe fut, non moins que le pamphlétaire qui rédigea le Discours sur le colonialisme ou que le penseur critique auquel est due la Lettre à Maurice Thorez, d’abord et au premier chef un homme de ruptures – si l’on entend ce terme moins comme refus ou rejet brutal, arrachement sans perspective, que comme préalable indispensable à des accomplissements supérieurs.
Donc, regardons et distinguons, dans leur singularité comme dans leur solidaire cohérence, trois récusations essentielles – d’ordre esthétique, idéologique, politique – au cœur de l’intervention césairienne
Une exposition à la Fondation Clément.