Entretiens

On a lu des albums coréens. Entretien avec Cécile Boulaire, maître de conférences et co-commissaire..

Médiathèque de Tours

Depuis le 8 novembre et jusqu’au 2 janvier, la bibliothèque municipale de Tours accueille une quarantaine d’albums coréens destinés aux plus jeunes lecteurs, l’occasion d’une collaboration entre le laboratoire de lettres de l’université de Tours et les services de la bibliothèque pour un commissariat à mille mains. Entretien avec Cécile Boulaire, maître de conférences et co-commissaire.

Scénographie : Loïc Boyer

Laurence Le Guen Qui sont les partenaires  de cette exposition et comment est né le projet ?

Cécile Boulaire C’est une collaboration de la section jeunesse de la bibliothèque municipale de Tours, son Centre patrimonial Patrick Wolf  et l’InTRu, mon laboratoire de l’université de Tours.

L’idée est venue d’un cadeau reçu à l’occasion de la venue de la  chercheuse Sungyup Lee,  spécialiste des traductions franco-coréennes et autrice d’une thèse sur la traduction dans le domaine des albums. Elle est arrivée avec un carton offert par IBBY Corée , quarante albums coréens sélectionnés dans des prix. Le laboratoire ne se sentait pas  armé pour les faire rayonner, ce qui est plus du ressort des bibliothécaires. Nous avons donc contacté la Médiathèque et conçu une exposition ensemble.

LLG Quel est le fil conducteur de l’exposition ?

CB L’axe de l’exposition est celui-ci : nous  avons lu des albums coréens et nous allons dire ce que nous en pensons. Nous avons reçu quelque chose de pensé par des Coréens, et ces ouvrages sont le reflet d’ une production. Nous avons d’abord déballé  puis numéroté ces albums pour pouvoir les désigner. Nous les avons ensuite manipulés. Cette étape était celle d’une profonde immersion, d’une plongée sans guide dans une « matière album », pendant plusieurs mois. Nous ne comprenions pas le texte mais nous étions autant admiratifs qu’interloqués et nous ressentions plein d’émotions. C’est ce qu’entend montrer l’exposition.

Des livres d’artistes coréens pour enfants, conservés dans le fonds de la médiathèque et  choisis par le personnel de la bibliothèque sont aussi présentés en vitrine.

LLG Comment la mise en scène tient-elle compte de la difficulté de la barrière de la langue ?

CB L’exposition est installée dans une salle polyvalente de la médiathèque, entre l’ espace de convivialité et l’espace presse. Beaucoup de gens la traversent donc, y compris des gens non-intéressés par la littérature jeunesse.

Les livres sont présentés sur des petits chevalets mobiles placés aléatoirement dans la salle, à l’image de notre rencontre avec ces ouvrages. Nous n’avions aucun repère, aucune connaissance des éditeurs, ni des auteurs. Les chevalets font 90 cm de haut. A 18 cm du sol, une réglette accueille un  livre. L’enfant peut prendre le livre et s’installer plus loin pour le lire. Un QR code permet d’accéder à l’écoute des quarante histoires traduites par Sungyup Lee et enregistrées par le personnel de la médiathèque et une chercheuse du laboratoire.

Chaque album est présenté de face et est accompagné d’un texte qui s’adresse plutôt aux parents et qui témoigne de notre ressenti face à cet ouvrage. Derrière le livre figure sa photographie. C’est un repère visuel très évident pour l’enfant.

Des parcours de découverte de  six ou sept albums ont été également créés. Ils offrent des vues particulières sur les albums ou sur un thème. Ils s’adressent aux groupes scolaires qui viennent découvrir l’exposition.

LLG Qui a conçu la scénographie ?

CB Loïc Boyer  a eu l’idée de ces chevalets et il a conçu l’affiche. Nous cherchions comment emblématiser cette exposition et après plusieurs propositions, c’est ce tigre emblématique de la culture coréenne que nous avons retenu. Les modules sont facilement transportables et les bâches en toile plastifiée sur lesquelles sont imprimés des textes faciliteront les voyages de l’exposition. Les ateliers municipaux nous ont vraiment aidés pour la réalisation des chevalets. Les bâches ont été réalisées par le service d’impression de l’université.

LLG Quels sont les temps d’animation prévus pour rythmer cette exposition ?

CB Elle dure deux mois, jusqu’au 2 janvier. Lors de la journée d’inauguration, une association de la ville de Tours a donné des cours de coréen aux enfants. Il y a eu aussi un atelier de sérigraphie et de dessins. Il y aura également toute une série de rencontres : ateliers de création de personnages, atelier de lectures sur les créneaux de l’heure du conte, une Journée d’études le 12 décembre. Les artistes animeront le lendemain des ateliers de création graphique. Les scolaires ont en plus des visites qui s’appuient sur les petits parcours imaginés pour eux.

LLG Es-tu satisfaite de l’exposition ?

CB C’est ma première exposition et je n’ai pas assez de recul pour pouvoir en juger, contrairement à ce qui se passe quand je signe un article universitaire. J’attends de voir comment les visiteurs vont  s’en emparer.

 

 

 


Pour citer cet article:

Laurence Le Guen, « On a lu des albums coréens. Entretien avec Cécile Boulaire, maître de conférences et co-commissaire.. », dans L’Exporateur littéraire, Nov 2024.
URL : https://www.litteraturesmodesdemploi.org/entretien/on-a-lu-des-albums-coreens-entretien-avec-cecile-boulaire-maitre-de-conferences-et-co-commissaire/, page consultée le 08/11/2024.