Carnet de visites

« Petite voleuse de mémoires », Béatrice Poncelet (Paris)

Médiathèque Françoise Sagan (Paris) Commissaire(s): Hélène Valotteau, Christelle Moreau

 

« Petite voleuse de mémoires », Béatrice Poncelet, Médiathèque Françoise Sagan, Paris, du 25 février au 13 septembre 2020

 

affiche expo Poncelet sagan

 

L’exposition « Petite voleuse de mémoires » consacrée au travail de l’autrice jeunesse suisse Béatrice Poncelet a ouvert ses portes à la médiathèque Françoise Sagan à Paris le 25 février dernier mais les a refermées rapidement en raison du confinement. Heureuse nouvelle, elle sera visible tout l’été et jusqu’au 13 septembre, mais pour des visites masquées et sur rendez-vous uniquement, le samedi à 14h30.

C’est donc en compagnie de Pauline Bourrilly, médiatrice à la médiathèque Françoise Sagan et d’une seule visiteuse que nous déambulons dans la salle dédiée aux expositions, entre les structures vitrées en pied ou suspendues, déjà utilisées lors de l’exposition Vois…lis… voilà ! qui s’était tenue au Musée de l’illustration de Moulins en 2018. Si les Quatre saisons de Vivaldi et le Sacre du Printemps de Stravinski accompagnent notre promenade dans l’œuvre de cette créatrice, c’est que Béatrice Poncelet ne travaille qu’en musique, classique de préférence.

 

L’exposition se divise en trois parties. Les vitrines colonnes accueillent ses sources d’inspiration, livres extraits du Fonds Patrimonial Heure Joyeuse situé à l’étage au-dessus et ses objets personnels issus de son univers. On y croise ainsi une édition du Petit Poucet illustré par Gustave Doré, le canard Gédéon de Benjamin Rabier, La Cuisine de nuit de Maurice Sendak, Max et Moritz de Wilhelm Busch mais aussi le loup de Philippe Corentin, et tous ces ouvrages voisinent avec un antique tambour, une corde à sauter en bois et un vieux chien en peluche.

 

Au centre de la pièce, les longues vitrines centrales accueillent des maquettes un peu particulières de livres publiés ou non. Longs de plusieurs mètres, ces leporellos dépliés témoignent de la façon dont travaille l’artiste qui crée et ajoute des pages successives pendant l’année et demi nécessaire à la conception d’un ouvrage. En y regardant de plus près, et surtout avec l’aide des cartels signés de la spécialiste de littérature jeunesse Sophie van Der Linden, le visiteur plonge dans le mille-feuilles créatif de l’autrice, prend conscience de la matière nécessaire pour chaque ouvrage (photographies, cartes à gratter, collages, aquarelle et gouache, travail sur la typographie et sur le texte) et des multiples emprunts et clins d’œil aux artistes, œuvres et objets présents dans les vitrines-colonnes. Au mur, les planches originales encadrées mettent l’accent sur le travail pointilleux de l’artiste autour des jeux d’ombres et de lumière. Un petit morceau de pâte adhésive conservé derrière un élément d’une planche retient notre attention. Il s’agit d’une autre trace des recherches de l’artiste pour donner à chaque double-page une impression de volume.

 

Si l’œil du visiteur est surtout attiré par les images foisonnantes de détails et de couleurs, il faut rappeler que Béatrice Poncelet est une artiste complète et que les jeux de mots, la poésie des phrases et les variations typographiques, s’ils interviennent après la conception des images, n’en ont pas moins d’importance. On s’amusera ainsi à déchiffrer les pages manuscrites, raturées, numérotées, reliées par de l’adhésif et présentées sous verre et à chercher de quels albums sont tirées les citations reproduites sur les murs. La visite ne serait pas complète sans le feuilletage de quelques albums dont Chez Elle ou chez elle (Seuil 1997), ou Semer en ligne ou à la volée (Seuil 2006). Les gros coussins rouges et or encore rappellent que des classes étaient attendues pour des moments de découverte et d’écoute. Enfin, à la sortie, un livre d’or offre au visiteur de laisser une trace de son passage et il repartira avec son propre livre-frise à déplier. Enfin, l’exploration de l’univers de Béatrice Poncelet se prolongera hors les murs avec diverses animations prévues au mois de septembre, dont le spectacle « Chez elle il y a … » spectacle jeune public inspiré de l’œuvre de l’artiste, un « atelier-critique » avec Sophie Van der Linden pour explorer le sens profond de ses albums et un atelier de fabrication « Cube et typo » pour fabriquer un cube orné de lettres à la manière de… Pour passer un été particulier, avec Béatrice Poncelet.

Laurence Le Guen
Rennes 2-Cellam

 

Commissariat : Hélène Vallotteau & Christelle Moreau
Voir la vidéo de l’exposition Béatrice Poncelet, petite voleuse de mémoires :


Pour citer cet article:

Laurence Le Guen, « « Petite voleuse de mémoires », Béatrice Poncelet (Paris) », dans L'Exporateur. Carnet de visites, Mar 2024.
URL : https://www.litteraturesmodesdemploi.org/carnet/petite-voleuse-de-memoires-beatrice-poncelet-paris/, page consultée le 28/03/2024.