Le milieu littéraire au prisme de ses représentations – 3-4 décembre 2020 – Université du Luxembourg

Responsables scientifiques :
Carole Bisenius-Penin (Université de Lorraine) & Jeanne E. Glesener (Université du Luxembourg)

 

Porté par le Centre de recherche sur les médiations (Crem, Université de Lorraine) en étroite collaboration avec l’Université du Luxembourg et le ministère de la Culture (Drac Grand Est), le programme de recherche « Obslit » repose sur la création d’un observatoire du milieu littéraire franco-luxembourgeois (https://obslit.huma-num.fr/quest-ce-que-cest/). Fondé sur une approche comparée et transfrontalière, ce dernier a pour objectif l’étude des relations, des médiations qui se nouent entre les différents systèmes et aires culturelles, c’est-à-dire les auteurs, les institutions culturelles et les publics. Cette recherche s’articule autour de la notion de « milieu littéraire » en tant que système relationnel et différentiel (champ de forces) où chaque auteur/agent occupe une position plus ou moins dominante/dominée et plus ou moins innovante/conservatrice liée à son capital accumulé de légitimité spécifique (capital symbolique). Dans une perspective transdisciplinaire, il s’agit d’étudier les pratiques et les politiques culturelles relatives à la filière du livre mises en œuvre dans les deux pays. Les recherches de l’observatoire s’organisent autour de trois axes systémiques : le monde du livre, la littérature hors du livre et sa réception en milieu scolaire. Après un premier colloque international organisé en 2019 sur la thématique des « narrations auctoriales dans l’espace public : comment penser et raconter l’auteur ? » (https://obslit.huma-num.fr/actualites/), ce deuxième colloque international porte sur le milieu littéraire et ses représentations.

Ces conditions de la vie littéraire actuelle incitent à repenser la notion de milieu littéraire. Les notions de « champ » et de « monde » sont mobilisées comme des impensés : elles ont été naturalisées depuis leur développement par les sociologues Pierre Bourdieu et Howard S. Becker. Selon ce dernier, le concept de monde de l’art est « un réseau de coopération au sein duquel les mêmes personnes coopèrent de manière régulière et qui relie donc les participants selon un ordre établi. Un monde de l’art est fait de l’activité même de toutes ces personnes qui coopèrent ». Ainsi, il engage à comprendre l’art comme « le produit d’une action collective » dont les acteurs partagent « des présupposés communs, les conventions, qui leur permettent de coordonner ces activités efficacement et sans difficultés » (Becker, 1999). Selon Pierre Bourdieu (1991), « le champ littéraire est un champ de forces agissant sur tous ceux qui y entrent, et de manière différentielle selon la position qu’ils y occupent (soit, pour prendre des points très éloignés, celle d’auteur de pièces à succès ou celle de poète d’avant-garde), en même temps qu’un champ de luttes de concurrence qui tendent à conserver ou à transformer ce champ de forces ». Ces deux concepts renvoient à l’idée de systèmes structurés, pour l’un selon des chaines de coopération maitrisées par les acteurs, pour l’autre selon des positions habitées par des agents. Les cadres épistémologiques marquent particulièrement ces concepts et les enferment dans des rapports de force entre structure et individus. Afin d’échapper à ces positions asymétriques que supposent ces concepts, nous proposons de leur substituer celui de milieu qui, dans sa définition en sciences du vivant, suppose un poids égal des structures, des interactions et des acteurs. Ce faisant, l’idée est de donner une nouvelle impulsion aux débats entre champ, milieu et mondes.

 

Au-delà de ces considérations conceptuelles préliminaires, ce colloque se propose d’aborder le sujet des représentations du milieu littéraire à partir de quatre axes.

 

Axe 1 : approche épistémologique du milieu

Axe 2 : le milieu littéraire, une communauté de l’entre-soi ?

Axe 3 : le milieu littéraire, une plus-value créative dans les mondes de l’art et dans la société ?

Axe 4 : le milieu littéraire, un contre-pouvoir ou une contre-culture dans l’espace public ?

 

Pour prendre connaissance du programme.